C'est l'histoire d'un couple sans lequel rien ne serait arrivé
En préambule de notre entretien, Philippe de Saint Wandrille tient à faire remarquer que "sans l'aide de ma femme, rien n'aurait été possible pour accomplir un tel ouvrage, il fallait être deux."
En effet, Philippe et Sylvia de Saint Wandrille sont quelque peu atypiques, conservateurs et amoureux des témoins d'architecture, des coutumes vernaculaires; ils semblent un peu hors de notre temps. Tous les deux sont retraités depuis quelques années, Sylvia était responsable administratif et financier dans le transport international et Philippe quant à lui était mécanicien avant de devenir menuisier. Grand passionné de sport mécanique il a créé très tôt "l'Atelier Champions" et préparait des motos de compétition, des karts et même des moteurs de hors-bords. Il devait se déplacer sans arrêt, allant du Castellet à Francorchant, d'Inatra à Silverstone. Une vie trépidante où il côtoyait et travaillait pour de grand pilotes de moto.
Quelques années plus tard, il se retire de cette fabuleuse expérience et retrouve Sylvia qu'il avait rencontrée étant plus jeune. D'amitié en affection commence une autre vie, la vie de couple curieux de tout un patrimoine qui l'entoure. Très vite, ils adhérent aux associations "Maisons Paysannes de France" et Vieilles Maisons Françaises". Dès lors leurs vacances et congés seront dévolus à d'innombrables escapades à travers toutes la France. Ils visitent châteaux, ruines médiévales, villages traditionnels, églises romanes et gothiques. C'est alors que Philippe se reconvertit à la menuiserie, il étudie alors les ventaux de portes et les châssis de fenêtres, mais aussi leurs ferrures et toute la "quincaillerie" qui s'y rapporte.
Un soir, au coucher du soleil
C'est une longue quête qui mènera le couple au pied de la vieille tour de Homps. En se rendant à un colloque de castellologie à l'Abbaye de Flaran, Philippe dit à Sylvia : "tu vois, ce bâtiment est sain, dans son jus, c'est à échelle humaine, ce serait bien pour nous, ..."
Le bâtiment n'était pas à vendre ; démunis et sans le sou, ils l'acquièrent pourtant plusieurs années après, en 1989. C'est à ce moment que commence une autre histoire, plus longue et sans vacances, en se "serrant la ceinture" pour y arriver. Une nouvelle histoire amoureuse, pénible et de longue haleine, émaillée d'incompréhensions et de jalousie. Dès lors, ils consacrent toutes leurs vacances à la sauvegarde de ce bâtiment, leurs économies aussi. Ils font classer le château I.S.M.H (Inscrit à l'Inventaire Supplémentaire de Monuments Historiques) en 1999 et ils parviennent à y habiter en 2001. Cette année là, l'association de Vieilles Maisons Françaises du Gers récompense leur efforts par un prix d'encouragement.
Les travaux extérieurs débutent après l'acquisition d'un échafaudage d'occasion, un très gros travail car la tour a beaucoup souffert de vilenies du temps.
Douze ans de vacances !
Reprise de tous les couronnements et parements des quatre façades, un très gros travail, ils avaient "la niaque" et le soutient très sympathique de l'Architecte des Bâtiments de France, Monsieur Francis Ayrem, un ange gardien, enfin une personne bienveillante. Avec M. Ayrem ils posent les premiers jalons d'un comble et de sa couverture, les premières ébauches, les croquis, les supputations. Mais c'est alors que M. Ayrem nous quitte pour rejoindre les "Saints du Paradis", son second Patrick Arnaud reprend le flambeau avec beaucoup de compétences. Pour réaliser la charpente et la couverture de la tour, Sylvia et Philippe n'ont pas assez d'argent. Ils doivent vendre le jardin potager de leur résidence d'Eure et Loire en terrain à bâtir.
Une rupture totale ! Sylvia, perd son emploi et Philippe cesse son activité. Ils décident de vivre à Homps huit mois de l'année et de profiter de la superbe restauration qu'ils ont accomplie. Philippe de Saint Wandrille n'aime pas ce terme"profiter", il préfère celui "d'apprécier".
Quelques années plus tôt
Philippe et Sylvia, acquièrent un petit terrain attenant au vieux château, dévolu au départ pour les entrepôts de matériaux et à un espace pour la taille de pierres. Les gros travaux s'achèvent puis l'idée germe, un Jardin ! Un jardin médiéval en harmonie avec le site.
En 2010, il faut établir des terrasses puis les structures de départ, l'iconographie médiévale leur fut très précieuse afin de réaliser le "Jardin de Jeanne". Celui-ci ouvre ces portes en 2012, l'année où l'on commémore la naissance de Jeanne d'Arc. Jardin complanté de simples, de condimentaires, de fleurs et de vignes palissés, mais surtout de plantes potagères, utilisant la technique très ancienne du "coffre hors sol", permettant un amendement plus recherché.
Le jardin est petit mais le charme est grand, il est alors primé en 2014 par la Société Nationale d'Horticulture de France.
Homps est un ancien castelnau, c'est un château mais aussi l'histoire d'un couple qui mérite bien que l'on lui dise merci pour avoir redonné vie à ce petit village. Mais, ils ne sont pas seuls et n'oublient pas tous les efforts de Monsieur Yves Carrère, et son association de sauvegarde, qui a su créer les chemins de randonnées, très fréquentés aujourd'hui, une belle réussite pour des gens qui n'ont pas compté leurs efforts.
Voilà pour l'essentiel !
Philippe et Sylvia de Saint Wandrille vous accueille avec courtoisie du 1er mai au 31 octobre :
- Visite libre du jardin tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 19h
- Visite du château sur demande
Le jardin de Jeanne, c'est aussi des expositions de peinture, d'arts et traditions populaires pendant la saison estivale.
Article publié le 22 janvier 2022